Télécoms : Les géants de l’internet, grands gagnants de la crise du Covid-19.

L’épidémie du coronavirus a affecté le chiffre d’affaire de toutes les entreprises multinationales, négativement ou positivement. Avec cette pandémie, les géants de l’internet (GAFAM) en particulier se sont rendus particulièrement utiles et leurs produits et services sont devenus indispensables dans notre vie de tous les jours. Ainsi, leur chiffre d’affaires a connu une croissance positive et ils étaient parmi les plus grands gagnants. Ils ont ainsi vu leur capitalisation boursière et leur chiffre d’affaire s’apprécier au cours de la pandémie, comme le montrent les tableaux ci-après :

Encadré N°1 : Les over the top (OTT) casse-tête des opérateurs.

“OTT” est l’acronyme de Over-The-Top. Il adresse les services voix, données et autres que nous utilisons sur les réseaux de nos opérateurs mobiles et qui sont fournis par d’autres acteurs qui n’ont aucun accord de quelque nature que ce soit, avec ces derniers et qui utilisent pourtant leurs infrastructures. Il s’agit d’un nouveau type d’acteurs de télécommunications, qui utilisent le réseau Internet pour fournir des services aux abonnés. Ce sont donc de nouveaux acteurs, ne disposant pas de licences et ne payant aucune redevance et aucuns frais de terminaison aux opérateurs traditionnels, dont ils utilisent pourtant les réseaux.

Exemple : Amazon a enregistré une hausse de ses revenus de plus de 30% d’une année à l’autre, au cours des six premiers mois de 2020. Autre secteur qui a aussi profité de la crise, le secteur de l’électronique. En effet, ce secteur a tiré profit de l’accélération de la transformation digitale, avec le développement de certains services comme le cloud computing et l’augmentation de la demande pour les centres de données, les réseaux informatiques et les réseaux 5G et FTTH (fiber to home). Le chiffre d’affaires de ce secteur a augmenté de 6% durant les six premiers mois de la crise du Covid-19.

Croissance des revenus des OTT comparée à celle des opérateurs Télécoms.

Encadré N°2 : Les géants du net s’engagent à fond dans les câbles sous-marins.

Depuis quelques années, les opérateurs télécoms ne sont plus les seuls à investir dans les câbles sous-marins. Les géants du net rêvent de contrôler cette connectivité invisible, constituée de câbles sous-marins. Les géants du Net représentent interviennent aujourd’hui pour 40 % des commandes de ces câbles, contre à peine 10 % en 2013. Google a déjà investi aussi dans Faster, un câble de 12 000 km qui relie la côte Ouest des États-Unis au Japon. Parmi les risques que soulève cette maitrise sur ces artères mondiales, est de voir ces géants tracer le routage des communications intercontinentales, en fonction de la localisation de leur Datacenter. En 2018, est entrée en service le câble sous-marin en fibre optique de 6 600 km, appelé « Marea », de Microsoft et Facebook reliant Virginia Beach aux États-Unis à Bilbao en Espagne, avec une puissance de 160 térabits (10 à la puissance 12 bits par secondes). Ces géants de l’internet réalisent aussi deux câbles sous-marins autour de l’Afrique. Il s’agit du câble sous-marin Africa2 où Facebook est un actionnaire important et le câble sous-marin de Google. Ces deux câbles seront opérationnels en 2022. Dès lors, on comprend mieux l’inquiétude des opérateurs qui peut être nourrie, lors de l’arrivé de Google, de Facebook, voire de Microsoft, dans les activités de câblage sous-marin.

C’est le développement technologique et la connectivité qui ont permis l’émergence des géants de l’internet comme les GAFA. Quant aux OTT, les consommateurs du monde entier ne peuvent plus se passer de leurs services aujourd’hui. Mais l’émergence de ces géants a eu des impacts significatifs sur les économies des pays et sur les opérateurs télécoms en particulier. Les organisations internationales concernées, ainsi que les régulateurs télécoms, au niveau mondial, sont concernés par cette avancée et sont appelés à établir de nouvelles règles, afin de mieux protéger les intérêts de tous les acteurs opérant dans la chaîne de valeur télécoms. Ainsi, et face à l’expansion des plateformes numériques des GAFA, l’Union européenne est en train de discuter de deux réglementations pour réguler des plateformes comme Google, Amazon, Facebook et Apple : c’est le Digital Market Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA). Ces 2 réglementations visent à imposer des obligations, notamment économiques, aux géants du net. La loi sur les services numériques (DSA) vise à responsabiliser les plus grandes plateformes, qui doivent avoir les moyens de réguler les contenus et de coopérer avec les autorités concernées. Quant au règlement sur les marchés numériques («Digital Markets Act» ou DMA, il impose des contraintes spécifiques au GAFAM, qui semble menacer le libre jeu de la concurrence. A travers ces deux réglementations, Google est probablement la plus concernée car il capte à elle seule plus de 90% des recherches sur Internet et son système d’exploitation Android équipe plus de 75% des smartphones dans le monde. Outre Facebook, leader des réseaux sociaux, Bruxelles cible également Apple pour son système iOS, un magasin incontournable pour les applications sur smartphones. La DMA prévoit la possibilité pour la Commission européenne de saisir une affaire concernant les GAFA avant que les entreprises ne déposent une plainte. Bien sûr, les GAFA s’opposent à ces nouvelles réglementations qui, selon eux, pourraient restreindre l’innovation et permettre aux plateformes chinoises de prendre le relais ! Selon le journal Le Monde du 8 décembre, au nom de la concurrence, la Commission entend contrecarrer la position dominante acquise par les géants du numérique dans leur secteur. Les GAFA se préparent à s’opposer à ces réglementations en soulignant leur contribution à l’innovation technologique et leur poids stratégique face à l’expansionnisme chinois.

(*) : Alan Smith est consultant télécom et TIC

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