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Partage de sites radios – FTTH Magazine

Partage de sites radios

Par Youssef Diop

Aujourd’hui avec le développement des réseaux fixes très haut débit comme ceux offrant la FTTH (Fiber to the Home ou fibre jusqu’à l’abonné) et des réseaux mobiles comme la 5G, les questions de mutualisation et de partage d’infrastructure sont d’actualité et font partie du travail quotidien des opérateurs et des régulateurs dans tous les pays comme le Maroc. Le partage entre opérateurs mobiles correspond à la mise en commun entre ces opérateurs une partie des équipements constituant leurs réseaux mobiles. Les régulateurs encouragent les opérateurs à mutualiser l’infrastructure afin d’une part de réduire les coûts, de faciliter le déploiement facile des services télécoms et d’autre part afin de viser un meilleur paysage visuel en ce qui concerne les sites radios.

Dans le présent article et dans un premier temps, on se limitera à traiter le partage de sites radio. Précisons qu’il existe deux types de partage d’infrastructures, le partage passif et celui actif :

A-Le partage d’infrastructures passives

Quand les opérateurs concluent des accords bilatéraux pour installer leurs différents équipements sur une même structure, qu’il s’agisse d’un pylône, d’un toit ou d’un local technique. Plusieurs éléments de l’infrastructure passive peuvent être partagés, de même que, par exemple, l’alimentation électrique ou la climatisation. Sur chaque de ces sites partagés chaque opérateur déploie ses propres équipements actifs et ses propres antennes, et utilise ses propres fréquences.

 A1- Avantage du partage de l’infrastructure passive :

Le partage des éléments passifs de sites radio au Maroc, comme ailleurs, présente plusieurs avantages, il permet :

-de contribuer à l’esthétique de nos villes et de nos villages.

-de mettre en service des nouveaux sites très rapidement.

– d’économiser des devises, aux pays où le tissu industriel télécom est faible, car la plupart des équipements objet de partage sont importés de l’étranger.

-une réduction des couts d’investissement de l’infrastructure. Selon les équipementiers de télécommunication « le partage peut réduire les coûts d’infrastructure pour les opérateurs de près de 40 % et favorise une large et rapide couverture des zones difficiles ».

-une réduction des frais d’exploitation comme la location des sites, les frais de maintenance ou la consommation d’énergie.

Le partage passif des infrastructures de services mobiles se présente comme suit :

 

Il y a donc « partage » ou «mise en commun» de site lorsque des opérateurs concluent des accords pour installer leurs différents équipements sur une même structure, qu’il s’agisse d’un pylône ou d’un toit. Plusieurs éléments de l’infrastructure passive peuvent être partagés, de même que, par exemple, l’alimentation électrique ou la climatisation. Les antennes et les équipements de transmission peuvent également être partagés, mais sont considérés comme faisant partie des infrastructures actives (ou de transmission)

La plupart des pays encourage le levier du partage des infrastructures eu égard à son impact sur le déploiement du réseau et l’amélioration de la qualité de service. Certains pays notamment en Asie ont fait du partage des infrastructures l’un des critères de la délivrance de licences pour l’utilisation des fréquences par les services mobiles 3G, 4G ou 5G.

A2- Il existe plusieurs types de solutions pour le partage passif :

  • La solution donnant donnant ou échanges de sites :

L’opérateur X permet à l’opérateur Y de s’installer sur un de ses sites. En échange l’opérateur Y permet à l’opérateur X de s’installer sur un de ses sites.

Même si l’une des solutions la plus utilisée et la plus facile à concrétiser. Par exemple l’échange de sites n’est pas encouragé par les opérateurs qui détiennent plus de part de marché dans une zone donnée.

  • PAIEMENT D’UN LOYER

Pour éviter les contraintes de la solution « un site en échange d’un site », les opérateurs peuvent se mettre d’accord pour le paiement d’un loyer. L’opérateur X paiera périodiquement une rente à l’opérateur Y qui en contrepartie accepte l’installation des équipements chez lui.

En effet, chaque site a une valeur pour les opérateurs et génère un profit. Un site où les revenus sont faibles aura une valeur de location faible. Au contraire, l’opérateur qui détient des sites à forte rentabilité sera réticent pour le partage de son site avec son concurrent. Aussi les deux opérateurs peuvent trouver un moyen d’entente en contrepartie du paiement d’un loyer en échange.

Pour deux opérateurs de tailles différentes, un arrangement financier, comme la location des sites, est un bon moyen de s’entendre. Le problème que nous rencontrions pour le partage de site un pour un avec deux opérateurs de tailles différentes peut se résoudre avec paiement d’un loyer.

  • LES CONTRAINTES POUR LE PAIEMENT D’UN LOYER

Pour le paiement d’un loyer, il faut dès le début penser au fonctionnement de la colocation et penser à l’évolution de la colocation. Aussi dans les pays en voie de développement, l’inflation et variation de la valeur de la monnaie du pays peuvent nuire au paiement du loyer. Il faut donc dès le début fixer le paiement du loyer dans une monnaie stable qu’il sera possible de convertir par la suite si la fiscalité du pays le demande ou si c’est requis par l’un des opérateurs.

De plus, la valeur d’un site peut augmenter avec l’urbanisation de la zone à couvrir. Il faut donc anticiper et prévoir si nécessaire une revalorisation du loyer à une période donnée.

  • COLOCATION CHEZ UN TIERS

Les personnes morales de droit public, les concessionnaires de services publics et les exploitants de réseaux publics de télécommunications ont l’obligation de donner suite aux demandes de tout exploitant de réseaux publics de télécommunications à installer et à exploiter des matériels de transmission dans la mesure où ces derniers ne perturbent pas l’usage public

La colocation de sites peut également être appliquée chez un tiers non opérateur téléphonique. Ces derniers ne sont pas les seuls à construire des pylônes et des tours il y a aussi des personnes morales de droit public, les concessionnaires de services publics qui le font, comme par exemple les opérateurs de télévision et de radio qui possèdent souvent de points hauts ou qui peuvent en avoir besoin.

La colocation avec les infrastructures électriques (pylône haute tension) est par contre plus difficile à envisager pour l’installation d’antennes. Le pylône des lignes électriques est mal adapté aux antennes radio et beaucoup craignent un niveau d’interférence élevé. Le courant haute tension dégrade la qualité du signal radio. Par contre, on pourra noter que les opérateurs savent coopérer avec les opérateurs des réseaux électriques pour l’installation de la fibre optique.

De même, les éoliennes ne satisfont pas les opérateurs télécoms. Les alternateurs situés au haut de l’éolienne engendrent un champ magnétique et électrique qui crée d’importantes interférences, dégradant fortement la qualité du signal radio et qui, au final, ne sont pas admissibles pour l’opérateur téléphonique.

  • Externalisation des actifs partageables à des Towerco

Le métier des towercos consiste à optimiser la gestion des tours, notamment en réduisant les coûts de l’alimentation en électricité et des frais de sécurité et en hébergeant plusieurs opérateurs. Deux modèles existent actuellement en Afrique : le premier modèle, le towerco obtient la gestion des tours pour une durée de dix à quinze ans, et il peut les louer aux opérateurs ou autres utilisateurs. Le second modèle, le towerco est propriétaire de ses tours, soit parce qu’il les a rachetés à un opérateur, soit parce qu’il a constitué un parc par ses propres moyens.

A part quelques expériences limitées et réussies en Afrique, la pratique du Towerco semble se développer surtout dans les pays émergents, ou leur marché des mobiles est en pleine croissance et où les autorités de régulation des télécoms encouragent ce genre de pratique. Ainsi à titre d’exemple, treize ans après avoir fondé IHS, l’entrepreneur libanais DG de cette société spécialisée dans la gestion de pylônes, au Nigeria, est devenu le leader dans ce domaine.

  • Nouvelle configuration de partage :

Utilisation des trois opérateurs de bornes partageables à l’intérieur d’une zone ou d’un grand immeuble avec plusieurs étages. Cette solution est en train d’être déployée par exemple au Maroc dans les grands centres commerciaux à Rabat et à Casa.

Antenne partagée dans les pays développés

B- Le partage d’installations actives :

Le partage d’installations actives entre opérateurs est une forme encore plus poussée de partage. En plus de la mise en commun des infrastructures passives dans certains pays on réalise la mutualisation d’éléments actifs : liens de transmissions associés ou des éléments actifs du réseau. Un exemple de partage actif qui est opérationnel au Maroc depuis début 2020 c’est le roaming national tel que rendu opérationnel en France depuis longtemps.

B1- Les formes de partage d’installations actives.

  • Le roaming national :  L’itinérance nationale (roaming national) est la possibilité pour un abonné mobile d’un réseau public de télécommunications d’utiliser un réseau mobile d’un autre exploitant de réseaux publics de télécommunications national dans le cas où le réseau de son opérateur ne couvre pas la zone dans laquelle il se trouve.

  • La mutualisation des réseaux –  Concernant la mutualisation des réseaux, elle s’agit de mettre en commun des installations actives, sans mettre en commun les fréquences. Un opérateur aura la possibilité d’exploiter ses propres fréquences avec ses propres antennes sur les installations actives de transmission d’un autre opérateur. Sur les mêmes installations actives dans un local donné d’un opérateur télécom, on aura la possibilité d’avoir deux réseaux différents qui seront émis par l’intermédiaire des différentes antennes.

  • La mutualisation des fréquences

La mutualisation des fréquences, permet un partage plus avancé. Les fréquences des différents opérateurs qui participent à la mutualisation sont utilisées indifféremment par les usagers des différents opérateurs. Les clients accèdent aux services de leur opérateur, par l’intermédiaire des fréquences et des installations actives de leur opérateur ou de l’opérateur qui participe à la mutualisation.

B2- Avantage de la mutualisation active :  

Le partage actif de l’infrastructure permet de faire des économies relativement plus importantes que la mutualisation passive d’infrastructures. Cette mutualisation permet notamment de réduire les difficultés de déploiement de sites rencontrées par un nouvel opérateur entrant. Avec l’utilisation du cloud dans les réseaux 5G il faut s’attendre à ce que ce mode de partage soit très utilisé. Ce mode de mutualisation permet aussi d’augmenter le débit en agrégeant différentes bandes de fréquences, contribuant à une meilleure optimisation en terme des investissements.

Conséquence du non partage dans les pays en voie de développement.

Quelques recommandations concernant le partage de l’infrastructure des sites radio :

  • Les régulateurs des pays en voie de développement doivent penser à ouvrir le chantier du partage actif aussi étant donné sa contribution à l’optimisation en terme des investissements, notamment dans les réseaux 5G.

  • Généralement le processus de partage connait des blocages non tarifaires : procédures non claires en ce qui concerne la commande ou les décommandes. Toutes les parties prenantes doivent veiller à tenir compte de cet aspect du problème.

  • Publier périodiquement par exemple tous les deux ans le classement des opérateurs télécoms en matière de partage. Envisager éventuellement une distinction avec une grande prime pour l’opérateur ayant contribué au partage et à l’instauration de l’esthétique de nos paysages environnementaux.

  • Il y a lieu de lier aussi les encouragements fiscaux accordés par les pouvoirs publics aux opérateurs télécoms aux efforts de partage d’infrastructure, étant donné que le partage contribue à une économie de devises pour certains pays.

Enfin nous allons traiter prochainement le sujet de la mutualisation et du partage en relation avec la FTTH au Maroc à un moment où les grands aménageurs du pays continuent malheureusement d’approuver les plans cuivre alors que des pays comme la France ont simplement interdit le déploiement du cuivre et ce depuis fort longtemps.

(*) : Youssef Diop est un expert TIC et Télécoms.

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