Le TéLé-TravaiL Une performance des réseaux de télécommunication

Le confinement nous a été imposé vers le début de l’année 2020 à cause du virus appelé le covid-19. Ce qui a obligé plusieurs salariés et élèves à s’adapter au travail à distance.

Abdelaziz DAOUD
Professeur universitaire et expert international de l’ONUDI

Les nouvelles technologies permettent, désormais, d’aller beaucoup plus loin, notamment au sein des entreprises, en imaginant un nouveau partage des tâches entre les activités  dites « localisées » et les activités rendues possibles par le travail à distance, en utilisant notamment les nouveaux moyens de télécommunication. Il est rapidement apparu, au sein des groupes de télétravail,  une synergie importante entre les aspirations des entreprises (diminution des coûts, augmentation de la productivité, amélioration des conditions de travail) et  celles des pouvoirs publics (diminution des déplacements quotidiens, revitalisation de l’espace rural, maîtrise du développement urbain).

Mais aujourd’hui avec le covid-19, le télétravail est devenu désormais une véritable alternative pour faire face, d’une part, aux différentes épidémies et assurer la survie des humains et d’autre part, faire des économies d’échelle. Et certainement même après le Covid-19 et d’après M. Monsef Slaoui, sommité et expert marocain mondialement connu en immunologie virale, les activités de location et de partage seront affectés, comme par exemple le partage des vélos à Paris ou ailleurs !

Connecter les cadres géographiquement dispersés

Le secteur tertiaire qui représente à peu près plus de 70% des actifs dans les pays développés, dont la majorité travaillent avec des ordinateurs, a lui-même été à l’origine d’une importante modification de notre façon de travailler. Si le télétravail est très utilisé en Finlande et en Belgique, en France, 29% des salariés ont eu recours au télétravail en 2019. Et ce pourcentage a été multiplié par deux avec le virus codiv-19. On devine aisément les conséquences du télétravail en temps normal sur les coûts salariaux. Les cadres sont d’autant plus chers qu’au-delà de leurs salaires, ils pèsent sur les frais généraux qui sont continuellement affectés par une augmentation tendancielle des coûts des espaces aménagés, des bureaux et d’équipements techniques.

L’émergence d’un nouveau type de population active, les gens en quête d’emploi, cadres externalisés, partenaires privilégiés co-traitant avec une ou plusieurs entreprises, constitue une réponse originale à ces nouvelles contraintes en plus de celle sanitaire d’actualité.

On peut alors concevoir pour des formateurs, attachés de presse, journalistes, consultants de direction, experts de toutes sortes, un nouveau mode de conception de l’activité professionnelle, s’appuyant sur des missions intermittentes en temps partagé. Le télétravail constitue certainement une alternative à l’avenir car il a des avantages indéniables, mais il soulève encore pas mal de questions et nécessite beaucoup de réflexions pour qu’il soit opérationnel sans grandes embûches.

Ainsi, pourraient être résolus, à la fois les besoins des entreprises sans qu’elles aient à investir à  long terme et ceux de cadres expérimentés mais trop chers pour s’inscrire dans les voies traditionnelles de l’embauche. Pour que ces cadres puissent exercer leur activité depuis leur implantation géographique, il suffit de généraliser, dans le département, les réseaux de communications avancées et de motiver les entreprises à ce nouveau mode de gestion et d’assurer une formation des cadres concernés.

Revitaliser l’espace rural

La seconde utilisation du télétravail envisagée concerne la possibilité de créer de nouveaux emplois en zone rurale, par l’implantation de centres et d’entreprises de télétravail.

Les exemples existent déjà aux Philippines, à la Jamaïque et en inde; informaticiens ou opérateurs travaillent dans des centres d’écriture de logiciels ou dans des ateliers de saisie d’informations. Le catalogue d’applications est vaste. L’évolution de l’informatique exige, notamment, la réécriture d’un grand nombre de bibliothèques de programmes pour les adapter à de nouveaux matériels ou à de nouveaux langages. Ces mutations ou la simple maintenance, engendrent la mobilisation de nombreux informaticiens compte tenu de la brièveté des délais.

D’autre part, les nouvelles méthodes de développement des logiciels conduisent à mieux séparer les tâches entre conception et réalisation; ce qui facilite la sous-traitance.

Enfin, avec l’ère numérique, les entreprises sont entrées dans une phase qui, elle aussi, génère de la sous-traitance. Après que l’ordinateur ait été était considéré comme un outil de production et de gestion, aujourd’hui avec le numérique nous rentrons dans un nouveau paradigme économique. Cette nouvelle évolution qui intègre les télécommunications et l’internet à part entière,  peut devenir un facteur décisif de la délocalisation de certaines activités des entreprises même si des voix s’élèvent pour contrer cette évolution avec la crise du covid-19 à cause de la logique des coûts et des prix.  Mais, au-delà des applications purement numériques, on peut également envisager bon nombre d’autres activités telles que la veille technologique, la permanence   téléphonique, l’agenda électronique, la tenue de fichiers, l’archivage, le secrétariat, la comptabilité, l’édition de plans… qui pourraient alors être situées en milieu rural.

Télétravail et formation

Avec le covid-19 on vient de découvrir l’importance du télé-enseignement et de la formation à distance. Mais avant cette pandémie, l’utilisation des télécommunications, comme vecteur de transmission du savoir, était encore relativement marginale. Les investissements des pouvoirs publics au profit de l’enseignement concernent, en priorité la construction d’écoles, de collèges, de lycées, de campus universitaires ou de centres de formation.

Là encore, le mode d’utilisation de l’argent des contribuables et des entreprises reste pratiquement le même qu’avant l’avènement des outils informatiques et des réseaux de télécommunication.

Les écoles primaires désertent les villages pour se  concentrer dans les villes. Les lycées et les collèges en construction ont souvent une capacité supérieure à  ceux qu’ils remplacent. Cette orientation oblige les collectivités locales à  mettre en place des services de ramassage scolaire de plus en plus maillés, sur des distances de plus en plus grandes, avec des fréquences resserrées et des amplitudes allongées.

Indépendamment des coûts et des risques supplémentaires générés par ces circulations, l’allongement des temps de parcours accroît la fatigue des élèves et bouleverse leur vie familiale.

Il serait, là aussi, possible d’utiliser les moyens modernes de transmission du savoir en inventant une nouvelle pédagogie mieux adaptée aux besoins et aux aspirations des enfants résidant en zone rurale et en freinant, en partie, l’exode vers les villes occasionné par la nécessité de « faire poursuivre leurs études » aux enfants.

De même,  la « formation  continue » des adultes,  rendue de plus en plus nécessaire  aussi bien pour la reconversion des  secteurs en mutation que, plus généralement, pour la tenue à jour de leurs connaissances, pourrait tirer un grand profit des nouvelles techniques de télécommunication.

La mise en œuvre de programmes pédagogiques interactifs, en temps réel, permettrait alors à un seul formateur d’intervenir auprès de nombreux auditeurs qui n’auraient plus à se déplacer pour recevoir l’enseignement. L’enseignant, lui-même, pouvant aussi résider en un point quelconque du territoire. Et pourquoi pas en zone rural?

Le télétravail ou le télé-enseignement exige une discipline et une bonne organisation. 

Afin de ne pas mélanger vie professionnelle ou de formation et vie privée lorsqu’on doit faire du télétravail ou le télé-enseignement, il est important de suivre au moins ces deux conseils:

  • il est d’abord important de créer un espace de travail adéquat dans un endroit approprié à la maison. Ensuite, il y a lieu d’installer une table éclairée avec les outils dont nous avons besoin devant l’ordinateur. Créer une frontière entre l’espace de sa maison et le lieu de travail afin de séparer le travail et la vie privée et  ce, loin des différents bruits qui peuvent exister à la maison.

  • Bien organiser la journée de télétravail ou de télé-enseignement : Il est recommandé de définir des plages horaires avec l’entreprise ou avec l’enseignant. Pour être efficace, il faut se fixer des objectifs réalisables. Cela permet de maintenir la discipline même loin de l’entreprise ou de l’école.

  • Bien sûr, il est également important de faire des pauses au cours des séances de télétravail ou de télé-enseignement. Créez un groupe sur internet pour rester en ligne en communication avec l’entreprise ou l’enseignant.

  • À la fin de la journée, il faut s’arrêter  à une heure précise et retourner en famille. Pour marquer une déconnexion entre le mode domicile et le mode travail, il est important de s’habiller différemment lors des séances de télétravail, comme si vous alliez au bureau ou à l’école.

     

Par Abdelaziz Daoud expert de l’ONUDI TUNIS

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