Histoire des télécoms par satellite au Maroc de 1970 à nos jours

Histoire des télécoms par satellite au Maroc de 1970 à nos jours

Dans le domaine des télécoms par satellite, le Maroc a construit sa première station terrestre pour l’exploitation des télécommunications spatiales fin des années 1960. Exactement cinq ans après le début de l’exploitation commerciale des satellites de télécommunications en 1965 et ce au niveau mondial. Cette station terrestre, qui a fonctionné dans un premier temps avec le segment spatial Intelsat III, a été construite non loin de Rabat. Elle n’est plus opérationnelle aujourd’hui. C’est à Séhoul, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Rabat, que la station a été implantée. Son investissement a nécessité à peu près 6 millions de dollars à l’époque. Son financement a été assuré pour le tiers environ par des fonds publics marocains, le reste par des concours américains de l’Import-Export Bank et de l’Agence pour le développement international. La Société marocaine de télécommunications par satellites (Somatelsat), dans laquelle sont représentés à parts égales l’État marocain et l’Aero-jet General Corporation (filiale de la société américaine général Tire), a été créée à l’occasion et elle était chargée d’exploiter cette station terrienne de Séhoul (Rabat). On peut souligner que cet acte de concession de la part de L’État marocain constituait une certaine déréglementation car le Maroc a concédé au profit de cette société d’une partie de son monopole des télécommunications, qui était en vigueur à l’époque. La station terrienne était au départ analogique et plus tard dans les années 80 est devenue numérique. Dotée d’une antenne de 30,50 mètres de diamètre alors que les diamètres courants étaient de 26 à 27 mètres, la station pourrait entrer en communication avec les satellites positionnés sur l’océan Atlantique et sur l’océan Indien. Celui de l’océan Atlantique permettait d’atteindre le Canada, les États-Unis, l’Amérique latine, l’Europe occidentale, l’Afrique et le Moyen-Orient.

Station terrienne de Rabat le 8 janvier 1970

Cette station satellite terrestre marocaine a été inaugurée le 8 janvier 1970 par le Roi Hassan II. La cérémonie a été marquée par une conversation téléphonique par satellite entre le Roi Hassan II et le président américain Nixon.

Cette station terrienne de Rabat fonctionnait à l’époque avec le satellite Intelsat III avec une fréquence 6Ghz pour l’émission et 4Ghz pour la réception, avec une bande passante de 500Mhz pour la téléphonie et 40Mhz pour la télévision.

En 1985 pour renforcer ses communications téléphoniques et TV, le Maroc s’est doté d’une station terrienne Arabsat. Les potentialités de ce système Arabsat se sont augmentées avec de nouvelle génération de satellites ARABSAT entamée dès 1996. En 1994 on a renforcé l’infrastructure des communications par satellites par la mise en service d’une station terrienne de diffusion directe par satellite EUTELSAT. Cette station réalisée pour assurer la diffusion directe par satellite des programmes télévisuels et radiophoniques nationaux et aussi pour permettre aux résidents marocains à l’étranger de suivre ces programmes TV et radiophoniques.
En 1995, le Maroc a été relié au réseau international satellitaire INMAR-SAT.

Dès le début de la libéralisation des télécoms au Maroc en 1998, plusieurs licences ont été attribuées dans le domaine des télécoms par satellites. Parmi les opérateurs VSAT on cite Cimecom(Nortis),Spacecom, Gulfsat Maghreb,… Parmi les opérateurs GMPCS, on cite : Thuraya Maghreb, Soremar, Orbcomm Maghreb, Global Star North Africa, Al Houria Telecom…

Toujours en relation avec ce domaine, en 1989 le Maroc a créé le Centre Royal de Télédétection Spatiale (CRTS) pour assurer l’exploitation des applications de télédétection spatiales dans l’intérêt des divers secteurs économiques tel que celui de l’agriculture. Ainsi Le CRTS a été chargé, entre autres, de distribuer les images satellites, de centraliser les archives nationales des données satellites et des données résultant de projets utilisant la télédétection spatiale et les SIG. Toujours en ce qui concerne l’acquisition directe des données d’observation de la terre, il y a lieu de signaler les efforts de la Direction de la Météorologie Nationale, qui possèdent des stations de réception des données du satellite météorologique METEOSAT, notamment au sein de la Direction de la Météorologie Nationale.

 L’année 2001 va être marquée par le lancement du premier satellite marocain « Zarkaa Al Yamam ».

Le 12 décembre 2006 le Maroc et l’Union Européenne ont signé un accord de coopération portant sur le système GALILEO.  Le système GALILEO qui est aujourd’hui opérationnel sert à de multiples applications comme celles assurées par le système américain GPS (Global positioning System). Un GIE est dénommé Galileo Morocco Group a été créé et il est constitué de cinq membres fondateurs : l’ANRT, l’ONDA, l’Université Al Akhawayn, le CNRST Maroc  et l’APEBI.

En 2010, le système de surveillance des navires de pêche par satellite (VMS :Vessel Monitoring system ) a été introduit au Maroc. Ce système fournit à intervalles réguliers des données sur la position, la route et la vitesse des navires aux autorités de pêche. Au départ ce système VMS était géré uniquement par l’opérateur des télécoms marocain SOREMAR (opérateur dynamique dans les télécoms de mer). Mais récemment le système de localisation des navires de pêche par satellite a vu l’arrivée d’un nouvel opérateur : Orolia Global Services Africa. Cette société, choisie par la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC) et le ministère de tutelle a eu l’autorisation des autorités marocaines compétentes en la matière.

En 2017 le Maroc a acquis les satellites Mohamed VI A et B.

En 2018, l’École nationale supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes (ENSIAS) au Maroc a lancé en partenariat avec la fondation britannique «KSF Space» et l’université nationale autonome du Mexique, son premier microsatellite. Sous forme CubeSat, ce dispositif, a visé l’étude de la couche d’ozone. Il a été lancé le 28 février 2018 à partir du Mexique. Ce microsatellite a été développé à l’ENSIAS de Rabat par des étudiants du Master «Internet des objets», avec l’encadrement de la startup «Heliantha Robotics».

Il y a aussi lieu de signaler le rôle important joué par l’Ecole Mohammedia des ingénieurs de Rabat dans les divers projets des télécoms par satellite. L’INPT de Rabat a aussi joué un rôle dans l’enseignement des matières directement en relation avec la maitrise des télécoms par satellites.

Il y a lieu aussi de signaler le rôle joué par l’Union Internationale des télécoms (UIT) dans l’attribution des bandes de fréquences radioélectriques pour la communication par satellites et dans l’assignation des orbites aux satellites envoyés dans l’espace dont le Maroc est très actif. A titre d’illustration, La conférence administrative mondiale des radiocommunications (CAMR) de 1959 avait pris la décision de convoquer une conférence extraordinaire en 1963 en vue d’attribuer des bandes de fréquences pour les futurs systèmes par satellite. Pour mémoire aussi notons le rôle joué par le marocain feu Abderrazzak Berrada dans le domaine des télécommunications par satellites à l’UIT. Il a contribué notamment dans l’affectation des fréquences aux divers satellites de télécommunications au cours des différentes conférences de radiocommunications de l’UIT. Il a aussi participé aussi aux travaux concernant la gestion de la rareté au niveau de l’orbite géostationnaire.

L’ingénieur Feu Berrada Abderrazzak lors d’une réunion de l’UIT

 Le moment est venu pour envisager :

  • La création d’une agence nationale spatiale au Maroc

  • De restaurer la station terrienne de Sehoul de Rabat quitte à l’installer avec ses anciens équipements dans un musée à Rabat.

  • Le lancement d’un satellite géostationnaire marocain pour les besoins du Maroc et dont l’exploitation pourra être confiée à un GIE constitué des opérateurs télécoms marocains.

Signalons que l’Inde qui a pu en 2017 réaliser un exploit en envoyant dans l’espace 104 satellites appartenant à plusieurs pays en un seul lancement c’est-à-dire avec un seul lanceur. L’Inde a créé une agence spatiale, (ISRO), depuis 1969. Dès 1983 M. El Mellahi Said et Ahmed Khaouja ingénieurs télécoms au Ministère des PTT à l’époque avaient signalé le choix que l’Inde a fait, pour développer les télécommunications par satellite dans un article écrit à la veille de la création de l’ONPT dont le titre était «Télécommunications et Développement». Cet article est archivé au centre national de documentation au Maroc et aussi sur lien suivant 

                                 Par Ahmed Khaouja et Youssef Faiz

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