Editorial

Ressources rares et limitées, biens communs universels, les fréquences radioélectriques font partie des domaines publics des États qui, pour le bénéfice collectif national et international, assurent la gestion de leur spectre. Cette mission devenue de plus en plus ardue, dans un monde secoué localement et bouleversé à l’échelle planétaire par des systèmes télécoms envahissants et gourmands en fréquence, cette mission doit, tout de même, être menée efficacement et optimalement.

En effet, les développements de plus en plus importants des systèmes de télécommunications exigent des utilisations fréquentielles amplifiées et toujours en forte hausse. Cette croissance rend très épineuse la mission d’assurer cette tâche, non seulement sur le plan technologique, mais également du point de vue juridique.

Par conséquent, ce cadre réglementaire doit tenir compte inévitablement des lois et des accords internationaux, car les ondes radioélectriques, ne s’arrêtant évidemment pas aux frontières, imposent une réelle coordination internationale. Et c’est le rôle de l’UIT (Union internationale des télécommunications) qui au moyen du RR (Règlement des Radiocommunications) affecte des bandes de fréquences définies par grande catégorie. L’UIT assure également la régulation des fréquences à l’échelle mondiale à travers notamment les « Conférence Mondiale des Radiocommunications » : les CMR.

D’ailleurs, à la prochaine (CMR-23), qui se tiendra aux EAU du 20 novembre au 15 décembre 2023, il sera abordé, tout particulièrement, le réaménagement du spectre des fréquences et les possibilités de prévoir plus de fréquences dans les bandes inférieures à 7 GHz. Il s’agit par exemple d’entreprendre le remplacement des faisceaux hertziens par de la fibre optique afin de dégager plus de fréquences inférieures à 6 GHz, qui ont une valeur d’usage bien supérieure, et qui sont très utilisées par la 5G et la 6G. Rappelons que les propriétés de propagation de ces fréquences inférieures à 6 GHz permettent une couverture du territoire d’un pays donné avec moins d’investissements par rapport à celles qui en sont supérieures.

Pour traiter ce dossier on vous propose, 2 entretiens et 3 articles :

• Un entretien avec M. Belhaf Lahcen ingénieur Télécom et expert dans le domaine de l’électronique appliquée aux fréquences ;

• Un extrait d’un entretien avec le Directeur de l’UIT-R M. Mario MANIEWICZ qui est numéro 1 mondial concerné par la gestion des fréquences.

Quant aux trois articles :

• Un article de Wahid Ait Bennani sur la Synthèse des débats de la 2ème réunion préparatoire de la Conférence mondiale des Radiocommunications (CMR 23).

• Un article sur l’histoire des fréquences

• La trajectoire de M. Hertz

Dans la tribune libre, Ata-ilah Khaouja vous propose l’article : « de la fréquentation populaire à la fréquence numérique ».

Dans la rubrique TIC/IA, vous sera proposé un entretien réalisé avec M. Carlo Maria Rossotto, Responsable principal des investissements, responsable mondial des Télécom, des infrastructures et des Médias à la Société Financière Internationale (SFI). 

Avant l’avènement des télécoms et des fréquences, il y avait le télégraphe de Chappe. Dans ce présent numéro on a aussi abordé un aspect concernant l’histoire des télécoms au Maroc avant l’avènement des systèmes fonctionnant avec les fréquences. Après plusieurs années de recherche on montre que la France a bien utilisé le télégraphe de Chappe au Maghreb et ce à partir de 1830 y compris à la guerre d’Isly le 14 aout 1844. Ce système de télégraphie qui fonctionnait sans aucune émission CO2, était l´équivalent, en quelque sorte, de la bicyclette dans le domaine des transports. Ce sujet sera traité comme suit :  un premier article explique le fonctionnement du télégraphe de Chappe et un deuxième article trait de l’utilisation du télégraphe de Chappe lors de la bataille d’Isly au Maroc

Et bien évidemment, comme à chaque numéro, vous trouverez dans les autres rubriques : « évènements » et « Médiathèque » des compléments d’informations sur le dossier des fréquences.

 Ahmed Khaouja expert de l’UIT.