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Ebriété textuelle, sobriété énergétique – FTTH Magazine

Ebriété textuelle, sobriété énergétique

De quoi s’agit-il ?

–  Nous vivons dans un monde plein puisque, bientôt, nous serons huit milliards d’humains à squatter ce minuscule coin vital de l’Univers. Et par conséquent, surtout grâce aux télécoms, nous vivons dans un monde bavard puisque nous nous gavons de conversations et nous nous soûlons de commentaires. Or, ce qui ressemblerait à un excessif et nécessaire bavardage est, paradoxalement, signe d’ébriété et de survie ensuite.

– Pour atteindre une authentique sobriété, très à la mode par les temps qui courent, notre monde a besoin, par-delà les conférences et les débats, d’un réveil citoyen et d’un sursaut des consciences. Seules des actions locales guidées par des pensées globales, nous déposeront à bon port : la sobriété énergétique.

Notre empreinte : l’ébriété langagière

Partout, physiquement, objectivement, réellement et absolument, nous sommes ivres de paroles et de cris ; nous imposons à nos espaces tout ce qui parasite le silence et dérange le recueillement : une télé allumée, braille au meilleur endroit de chaque pièce ; sur le chemin, à pied, les oreilles occupées, reçoivent des appels proches et dérisoires et une bouche retenue, lance des discussions lointaines et futiles ; en voiture, une radio redondante, dérange le repos et la paix de l’habitacle.

Nos parlements discourent et débattent ; nos tribunaux accusent et délibèrent ; nos stades crient et hurlent ; nos lieux de cultes glorifient et célèbrent ; nos écoles, nos marchés, nos cinémas, nos théâtres, nos salles et halls d’attente… bref, tous nos espaces culturels chantent, jouent, imitent… Mieux encore, nous sommes également ivres d’écrits et de textes, grâce à ce que nous offre la surabondance numérique. A coup de sms, de mms, de mail … de Word, de Pdf…  nous sommes devenus des Obsédés Textuels.

Mieux enfin : pour échanger davantage et à chaque instant, que nous soyons  au lit, assis, à pied ou embarqués, nous innovons de plus en plus pour parler encore et sans cesse. Définitivement attachés à nos smartphones, tels de véritables jumeaux siamois, nous gambadons de Facebook à WhatsApp, nous sautons de YouTube à Instagram, nous twittons à longueur de journées…

Curieusement, l’origine de chaque réseau trahit des volontés pernicieuses : YouTube signifie : vous n’êtes qu’une télé ! Instagram : tu es un appareil photo ! Même le nouveau Meta : deux chaînons sous forme d’un infini : vous êtes infiniment liés et ligotés ! WhatsApp : un téléphone au milieu d’une tête : on est réduit au téléphone ! Linked-In nous rappelle : nous sommes liés, mais dedans !

Nous sommes l’espèce qui peine à se taire, et nous ignorons garder le précieux silence comme savent le faire à merveille les autres éléments de la nature : un oiseau, suspend ses chants la nuit ; un chien, cesse d’aboyer inutilement… ; le ciel, interrompt tonnerre et orage ; le vent, suspend souffle et tempête ; un volcan, bâillonne son éruption… En revanche et diamétralement à l’opposé de toutes ces créatures, nous passons notre temps à parler, à parlementer…

Ces débits de paroles, signes apparents d’une certaine ivrognerie ou débauche, donnent l’image d’une humanité en état d’ébriété. Une image uniquement, car notre culture est l’orchestration par excellence de notre bavardage.

Et la culture dans tout cela ?

Avons-nous le choix de nous taire ? Pas si sûr ! On pourrait y revenir dans le détail une autre fois, mais, il est très facile de remarquer déjà que ce bavardage, même critiqué, est salvateur surtout en période de crise naturelle et virale ou artificielle et militaire. Causer, est libérateur d’angoisses et de peurs ; il est thérapeutique.

Est-ce nouveau ? Non, absolument pas ; et en témoigne, depuis des temps sans mémoire, notre culture humaine. Une culture fière de son cortège savant et scientifique dont la fonction est l’organisation minutieuse et sophistiquée des bavardages. Et pour preuve parlante ou criante, toutes nos sciences dont le suffixe est « logie » créent ce verbiage, y participent, le sèment et le propagent.

En effet, « logie » qui vient du « logos » grec, et qui signifie « langue parlée », voudrait dire études ou « discours sur » donc mots et paroles. Autrement dit, tous les mots se terminant par « logie », traduisent discours et paroles, depuis l’astrologie mésopotamienne jusqu’aux nanobiotechnologies datant de ce matin…, de l’anthropologie jusqu’à la microbiologie ou la météorologie… de la sociologie à la psychologie, notre culture est une machine à discourir. Par exemple, sociologie, signifie : discours sur un compagnon ou un associé ; et la  psychologie est le discours sur l’âme et le soin de l’esprit par la magie des mots…

Et à ce propos, puisque qu’on parle à l’instant de psychologie et parce que parler est thérapeutique et que notre humanité, bien installée sur le divan-Terre, n’a jamais été si bavarde, serait-elle alors en pleine séance de thérapie psy ? En tout cas, manquer de paroles justes et exactes, peut, comme en ces temps-ci, être lourd de conséquences puisqu’il y va de notre paix et de notre survie.

Notre défi : la sobriété énergétique                                    

La sobriété énergétique est une association malicieuse de mots, un langage fin et raffiné, donc encore du bavardage, pour camoufler une situation d’échec grave. En réalité, la sobriété, dans le contexte actuel, est un véritable retour de bâton diplomatique et un aveu désastreux de notre impuissance écologique.

Rappel : tout d’abord, le mot « sobriété » a été réhabilité tout récemment et répandu très largement à tel point qu’on en recense plus d’une trentaine d’utilisations : la sobriété numérique, la sobriété écologique, la sobriété budgétaire… ou encore la sobriété technologique et bien évidemment, la sobriété énergétique.

Or, cette dernière qui est devenue une véritable vedette, parce qu’elle est citée partout et parce qu’elle est sur toutes les lèvres, elle est, hélas, synonyme, d’abord, d’excès et de débauche dans nos modes de consommation. Ensuite, cette même sobriété énergétique, telle qu’elle est répétée partout, est un aveu d’échec douloureux et bien regrettable dans le choix des bons mots lors des négociations avec la Russie. En effet, la sobriété énergétique a commencé à faire autorité et s’est imposée, à presque toute l’humanité, depuis l’impasse politique et la déroute diplomatique qui ont abouti à la guerre en Ukraine…

Mais le mot « sobriété » à lui seul, recèle un trésor linguistique insoupçonné. Et pour cause, il nous renvoie à notre ivresse consumériste et à notre folie dépensière, puisqu’il est formé à partir de son contraire qui est ébriété dont le sens est emportement, excès, insouciance et inconscience ! En effet, le préfixe « se » qui veut dire « sans » viendrait de « sine » et, ainsi, sobriété signifie tout  littéralement : sans ébriété.

D’ailleurs, on retrouve ce préfixe privatif qui marque l‘éloignement et l’absence dans de nombreuses constructions telles que sécurité : sans souci ; sincère : sans détour ; et de nouveau, la sobriété est une absence de déchaînement et d’emballement, donc un appel à la modération, à la tempérance et à la mesure qui sont les ingrédients d’une certaine sagesse.

Quant à énergétique, l’adjectif peut prendre deux sens très différents. Le premier, le plus commun, veut dire : relatif à l’énergie c’est-à-dire propre à l’énergie. Mais l’autre sens tout aussi plausible mais qui est occulté, renvoie à fortifiant, réconfortant et vivifiant… Dans ce sens, notre sobriété serait véritablement énergétique si et seulement si elle était sagesse réconfortante ou tempérance fortifiante ;  si elle traduisait un comportement au quotidienne et non une réponse langagière et bavarde, et momentanée de surcroit, lors de conférences internationales comme la COP27 de ce mois-ci.

Pour finir : COP27 ou coupe 22, qui gagnera ? 

COP27 or COUPE22, thas is the question !

Une coupe22, au Qatar, toute énergique et dynamique qui invite plus de deux millions et demi de présences réelles et effectives, au-delà des milliards des téléspectateurs à travers le monde. Une coupe toute dynamique et énergique car sportive dont le résultat gagnant reste imprévisible.

En face d’elle, en Egypte, une COP27 usée par les discours, essoufflée par les allocutions, abattue par les tournées : 27 fois le tour du globe, depuis 1995, ça fatigue ! Une COP qui peine à faire déplacer 35000 personnes et à assurer leur logistique… Bref, après des avalanches d’ébriétés langagières, textuelles, visuelle, vocales ; après des marathons interminables de délibérations dans toutes les langues, la COP27 tranchera sans hésitation et prendra la résolution décisive et cruciale: elle publiera le lieu et la date de la prochaine COP28, pour perdurer l’ébriété langagière !

Par Ata-Ilah Khaouja

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